IMPOSSIBLE
J’ai toujours été une personne plutôt dynamique et motivée. Un caractère qui correspondait bien avec mon métier d’Aide Médico-Psychologique où j’accompagnais des personnes âgées avec des troubles cognitifs et des personnes en dépression. Mais du jour au lendemain une très grosse fatigue s’est installée et sortir de mon lit est devenue une épreuve quotidienne. Je mettais cette fatigue sur le compte du temps, du travail, etc. Un jour, alors que je conduisais sur l’autoroute, l’idée de foncer dans les rambardes de sécurité m’a traversé l’esprit. La présence de ma fille dans la voiture m’en a empêché.
LA PRISE DE CONSCIENCE
A cette période mon conjoint militaire a dû partir en mission à l’étranger pendant plusieurs mois et je me suis retrouvée seule avec mes 3 enfants. Mon état empirait, je faisais des crises d’angoisse. Sur les conseils de mon médecin, je suis allée à l’hôpital où j’ai rencontré une infirmière qui m’a dit que j’étais en dépression, mais je n’y croyais pas. Cette dernière m’a envoyée chez un psychiatre qui m’a fait passer un test. C’était une grille avec des questions auxquelles je devais répondre. Ce test je le connaissais bien puisqu’il m’arrivait de le faire remplir à certains de mes patients. Le résultat a été sans appel, j’étais en dépression sévère. Ça a été un choc, je me retrouvai à la place des personnes dont j’étais censée m’occuper.
CHALLENGE
Quand le psychiatre m’a fait comprendre que l’origine de ma dépression était liée aux traumatismes de mon enfance, la maltraitance de ma mère envers mes sœurs et moi-même, tout est remonté. Des émotions refoulées depuis longtemps m’ont submergée et l’envie d’en finir s’est faite de plus en plus présente. J’ai été mise en arrêt de travail. Tous les jours je luttais pour me lever, je me faisais violence mais je le faisais pour mes enfants, surtout la petite dernière qui n’avait qu’un an. Elle avait besoin de moi. Ce sont eux qui m’ont aidée à tenir et je l’ai fait pour eux.
DÉCLIC
Mon conjoint est quelqu’un de très terre-à-terre et ne croyait pas vraiment aux maladies psychologiques. Habituellement quand il rentrait de mission, je faisais en sorte que tout soit beau et propre à son retour. Cette fois je l’attendais en survêtement au milieu du désordre de la maison. Quand il m’a vue, il a compris, il a posé ses mains sur mes épaules et il m’a dit « je gère ». En faisant ça, il m’a ôté un poids énorme des épaules. Pendant un mois il était en congés, il s’est occupé de la maison et des enfants, il a pris soin de nous et j’ai pu me reposer moralement.
I’M_POSSIBLE
Après le psychiatre, j’ai entamé une thérapie avec une psychologue. Elle m’a aidée à remonter la pente. Je n’en suis pas encore totalement sortie mais je vais beaucoup mieux. Avec elle j’ai osé affronter mes démons. J’ai même encouragé ma petite sœur à faire de même. Petit à petit, je reprends goût à la vie et j’apprends à sortir de l’emprise de ma mère.
© Illustrations Guillaumit
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